PRESSE / Carcassonne : cinq ans de prison ferme pour le grand-père pervers et prédateur du Lauragais

Les faits, c’est à la fin août 2018 qu’ils ont finalement été dénoncés par la mère de deux des victimes, alors âgées de 6 et 7 ans.

Article original publié dans l'indépendant du 05/02/2020 par Yannick Bonnefoy
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Ce mercredi 5 février au matin, un homme de 81 ans a comparu devant le tribunal correctionnel de Carcassonne pour des faits de nature sexuelle, commis sur quatre de ses petits-enfants (une fille et trois garçons). Il a été reconnu coupable et écroué.

En détention provisoire depuis près d’un an au sein de la maison d’arrêt de Carcassonne, c’est escorté par la police que Pierre M., âgé de 81 ans, est arrivé à la barre du tribunal correctionnel, pour répondre de faits d’"agression sexuelle" sur quatre de ses petits-enfants par alliance, entre le 6 juin 2008 et le 31 août 2018 à Labécède-Lauragais. À noter que l’octogénaire est en récidive, pour avoir été condamné par la cour d’appel de Toulouse le 24 avril 2007, pour des faits similaires.

Absente à l’audience, mais représentée par Me Charlotte Deloffre, l’épouse du prévenu était quant à elle poursuivie pour "non-dénonciation d’agression sexuelle", du 10 au 21 août 2018. Les faits, c’est à la fin août 2018 qu’ils ont finalement été dénoncés par la mère de deux des victimes, alors âgées de 6 et 7 ans. Entendus à la gendarmerie, les deux enfants racontent alors comment papy leur fait du mal. Notamment quand il les fait venir dans sa chambre pour jouer à l’ordinateur. En les faisant s’asseoir sur ses genoux, avant de leur glisser la main dans la culotte et de leur toucher le sexe… Deux autres victimes vont ensuite apparaître au cours de l’enquête. Avec un autre petit-fils, aujourd’hui jeune majeur, et un cousin âgé désormais âgé de 6 ans. Et à chaque fois, c’est toujours le même scénario qui se répète.

"Avant, ce que je recherchais était plutôt une excitation sexuelle. Par la suite, c’était une solution pour mes problèmes d’érection."

Outre les faits d’agression sexuelle sur la plus jeune des victimes, le prévenu a reconnu toutes les infractions, même s’il n’a pas le souvenir de la même fréquence évoquée par les victimes. Devant le tribunal, le prévenu a expliqué qu’il était devenu impuissant en 2007, et qu’il pensait que le fait de caresser le sexe des enfants pouvait à nouveau entraîner une érection chez lui?: "Je recherchais ma propre érection à partir de la leur?!". Des déclarations inquiétantes, quand on sait que l’octogénaire a réitéré les faits à l’issue de trois années de suivi par un psychiatre?: "J’ai été dans le déni complet de la gravité de mes actes et de leur perversité durant longtemps. Avant, ce que je recherchais était plutôt une excitation sexuelle. Par la suite, c’était une solution pour mes problèmes d’érection."

"Elle n’était pas au courant du passé de son mari"

De la personnalité du prévenu, on découvre qu’il a été notamment instituteur, puis professeur. Il a également été inspecteur aux affaires sanitaires et sociales, puis conseiller municipal à Castres (Tarn). De son parcours judiciaire, on apprend qu’il a deux condamnations à son casier judiciaire pour des faits similaires. Pour la plus petite des victimes, Me Emmanuelle Chol a regretté que le prévenu minimise les faits, avant de solliciter une nouvelle expertise pédopsychiatre "pour se prononcer sur les répercussions". Me Xavier Fermond, pour les premières victimes à avoir révélé l’affaire, a regretté que le prévenu réfute les attouchements sur l’une d’elles. Et que dire de la grand-mère également poursuivie, "qui a interdit aux enfants d’en parler en leur faisant du chantage".

Aux intérêts de la grand-mère, Me Charlotte Deloffre a évoqué le passé difficile de sa cliente, "quelqu’un de simple, qui n’a pas beaucoup d’éducation", avant d’expliquer qu’"elle n’était pas au courant du passé de son mari. Pour elle, il était le compagnon de vie idéal. Elle ne savait pas, et n’a jamais imaginé que c’était possible. Elle n’a jamais tenté de le protéger?!" A la défense du prévenu, Me Marion Blondeau a plaidé la relaxe pour les faits sur des victimes, tout en indiquant qu’elle ne remettait pas en question les propos tenus par les autres. Après, l’avocate est bien consciente de la nécessité pour son client d’être suivi?: "Quand on est en proie à ce type de démon, on ne peut pas s’en sortir tout seul?! Aussi, avec de telles réquisitions, vous le condamnez à finir ses jours en prison."

Au final, le tribunal a condamné le prévenu à cinq ans de prison avec maintien en détention, et son épouse à six mois avec sursis.

Dix ans d'agressions sexuelles

Pour le ministère public, la procureure Florence Galtier est revenue sur cette période de 2008 à 2018, où "le prévenu n’a jamais cessé de commettre ses actes auprès de ces enfants. C’est un prédateur qui se comporte comme un véritable pervers, et qui a déjà été condamné pour les mêmes faits sur des petites filles." Et de dénoncer la dénégation de l’octogénaire envers l’une des victimes : "Il a fait la même chose à tout le monde ! Je ne vois pas pourquoi elle dirait autre chose." En ce qui concerne la femme du prévenu : "Elle a posé une chape de plomb sur ces faits…" Pour le prévenu, c’est une peine de sept ans de prison, assortie de dix ans de suivi sociojudiciaire qui a été requise, ainsi que le maintien en détention. Pour son épouse, c’est une peine d’un an avec sursis qui a été sollicitée.

Article original publié dans l'indépendant du 05/02/2020 par Yannick Bonnefoy
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